La nouvelle norme WiFi devrait être officiellement publiée à la fin de l’année ou début 2019. Le secteur est sur le pied de guerre et se prépare à l’arrivée d’un lot de nouveautés techniques.
Alors que le WiFi 802.11ac, la dernière norme en vigueur ratifiée en 2014, commence à peine à pointer dans les terminaux grand public et les infrastructures des fournisseurs d’accès, la suite se prépare activement en coulisses. Le Wi-Fi 802.11ax nous promet une connexion sans fil « intelligente », capable de s’adapter aux conditions d’utilisation.
Quels sont les dossiers occupant l’industrie du WiFi en ce milieu d’année ? La vulnérabilité du protocole WPA2, baptisée Krack, est-elle encore un sujet d’inquiétude ?
Pas vraiment : les correctifs ont été déployés et les fabricants interrogés déclarent tous ne pas avoir eu de retour de clients victimes de l’exploitation de cette faille de sécurité. D’autant que le WPA3, amélioration du WPA2, pointe le bout de son nez.
Non seulement il comble les faiblesses de son prédécesseur, mais il ajoute une couche de sécurité supplémentaire avec l’Opportunistic Wireless Encryption (OWE) qui apporte du chiffrement des données sur les réseaux WiFi ouverts, les hotspots publics par exemple.
Qualcomm annonce l’implémentation WPA3 dans ses différents produits pour équipements WiFi et dans le SoC SnapDragon 845 à partir de l’été 2018.
Aerohive prévoit lui aussi une disponibilité sur ses points d’accès supportés dans les semaines suivant la publication officielle du WPA3 par la WiFi Alliance, normalement en juin.
De même, Netgear annonce qu’il proposera une prise en charge du standard de sécurité courant troisième trimestre. TP-Link indique de son côté que, partenaire Qualcomm oblige, tous ses modèles de points d’accès à venir supporteront le WPA3.
Peut-être les fabricants de points d’accès appréhendent-ils les suites de l’arrivée, l’an dernier, sur leur marché, de Google WiFi, qui pourrait se poser comme un concurrent sérieux, ou au moins une épine dans le pied des constructeurs… « Après bientôt un an d’existence de Google WiFi sur le marché, nous n’avons jusqu’à présent jamais été mis en concurrence ou comparé à Google WiFi, même dans le cas de petites configurations », témoigne Benoît Mangin, vice-président Europe du Sud d’Aerohive.
Google WiFi n’est pas la seule solution WiFi Mesh (technologie de maillage des points d’accès) du marché, aussi bien Netgear que TP-Link et Aerohive en proposent. Quant aux couches monitoring et simplicité de prise en main, tous ont des offres adaptées au public visé par Mountain View, particuliers mais aussi et surtout TPE et PME, à l’instar d’Orbi de Netgear, d’Aerohive Connect ou de Deco de TP-Link.
Enfin des avancées techniques
Non, ce qui agite véritablement le secteur est l’arrivée prochaine du nouveau standard WiFi. Le WiFi 802.11ax, aussi appelé High Efficiency WLAN (HEW), est une évolution du WiFi 802.11a en cours de certification par l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE).
Quelles améliorations pour le WiFi 802.11ax ?
Évidemment, l’idée première derrière une nouvelle norme WiFi est l’amélioration des débits proposés. Mais l’organisation a également fixé comme prérequis à ce nouveau standard « une meilleure gestion des données et du multi-utilisateurs », ainsi qu’un « fonctionnement plus intelligent dans les environnements denses, les lieux publics notamment ». L’IEEE cite d’ailleurs dans un de ses documents de travail les gares, les centres commerciaux ou encore les bureaux. Il est également question d’une meilleure efficacité énergétique et de la prise en charge d’un nombre croissant d’objets connectés. Tout un programme, donc, qui occupe l’IEEE depuis le début de 2017 et enthousiasme l’industrie. « Il est important de mettre à disposition une nouvelle gamme de points d’accès WiFi, basé sur ce nouveau standard 802.11ax, qui pour la première fois depuis la création du standard 802.11 apporte d’importantes nouveautés techniques », soutient Benoît Mangin.
Sur quels principes techniques le WiFi 802.11ax repose-t-il ?
Le Wi-Fi 802.11ax, aussi appelé High Efficiency WLAN (HEW), sera une évolution du Wi-Fi 802.11ac qui, comme lui, fonctionnera sur les bandes de fréquences 2,4 et 5 GHz. Afin de permettre la transmission de données multi-utilisateurs dans le sens montant (upload), le 802.11ax emprunte aux technologies utilisées pour la connexion cellulaire mobile 4G/LTE.
Il y a d’abord l’OFDMA (Orthogonal Frequency-division multiple access) qui est une technique de multiplexage des flux. Dans une connexion Wi-Fi, une bande de fréquence qui sert à faire transiter les données est composée de multiples canaux que l’on appelle « des sous-porteuses ». Au lieu d’attribuer une bande de fréquence complète à un seul usager, l’OFDMA va partager les sous-porteuses entre plusieurs personnes. Afin d’augmenter le nombre de personnes susceptibles de se partager un même canal, le spectre radio entre les sous-porteuses est rétréci pour passer de 312 kHz actuellement à 78 kHz sur le 802.11ax.
Résultat : le 802.11ax offre la même largeur de bande que le 802.11ac (20, 40 80 MHz et 80+80 MHz ou 160 MHz), mais avec un espace fréquentiel quatre fois moindre entre ses sous-porteuses. Ainsi, neuf personnes pourront se greffer simultanément sur un canal de 20 MHz, 18 personnes sur un canal de 40 MHz, 37 personnes sur un canal de 80 MHz et 74 personnes sur un canal de 160 MHz.
Pour servir ces connexions multiples, le nombre d’antennes présentes sur les émetteurs et les récepteurs passe de 4×4 actuellement à 8×8. C’est ce que l’on appelle « du MU-MIMO » (Multiple User Multiple Input Multiple Output). Chaque utilisateur se verra allouer l’antenne la plus performante en fonction de sa position physique par rapport au point d’accès.
Bien entendu, il va falloir organiser ce trafic concomitant. C’est le rôle de l’Uplink resource scheduler qui définit des priorités dans l’envoi des données et évite l’engorgement au niveau du routeur. Au final, le 802.11ax sera capable d’adapter le débit de connexion selon le type d’usage pour chaque utilisateur. Ainsi, Il partagera un canal selon qu’il regarde une vidéo en streaming, surfe sur la Toile, discute sur sa messagerie instantanée…
Quand le WiFi 802.11ax entrera-t-il en service ?
La ratification du standard n’interviendra pas avant la fin de cette année, voire seulement en 2019. Si l’on se base sur le rythme d’adoption des normes Wi-Fi précédentes par les fabricants d’appareils et les fournisseurs d’accès, on peut estimer qu’il faudra compter encore au minimum trois ans à partir de cette date pour que ce Wi-Fi « intelligent » entre réellement en service.
Mais les fabricants de points d’accès planchent bien évidemment sur le sujet. Certains commercialisent pas déjà des produits compatibles avec les spécifications issues des documents de travail de l’IEEE. Ainsi Qualcomm a récemment sorti des semi-conducteurs compatibles. « La demande marché de certains acteurs souhaitant se différentier au plus tôt a justifié cela ». La solution est commercialisée sur certains marchés dès à présent », nous explique Jean Varaldi, directeur général de Qualcomm France.
De son côté Aerohive a annoncé la livraison à partir du troisième trimestre 2018 de trois points d’accès 802.11ax. Mais il ne faut pas non plus s’enflammer. Benoît Mangin souligne lui-même qu’il « faudra en revanche attendre que les terminaux WiFi disposent – eux aussi – de composants radio au standard 802.11ax pour pouvoir mesurer les gains réels ».
Source : L’informaticien, Futurama sciences